Sociologie du milieu
astrologique :
les cycles de la vie astrologique |
Par vie astrologique, nous entendons le milieu
astrologique, selon une formule que nous avons introduite en 19841 et qui, depuis, a été largement
reprise par les uns et par les autres.
Notre propos est ici d’essayer de comprendre
astrologiquement ce qui se passe chez les astrologues et comme on dit, les plus
mal chaussés ne sont pas ceux que l’on pense. Nous utiliserons bien entendu,
pour ce faire, notre propre modèle, celui de l’astrologie axiale.2
Tous les quinze ans, la vie astrologique est
marquée par des affrontements, des déchirements susceptibles de laisser des
cicatrices durables. Nous étudierons donc le phénomène sur une période d’environ
50 ans, ce qui correspond à quatre moments forts de la vie astrologique
française / francophone, correspondant à quatre conjonctions axiales
successives.
La période
1956 - 1961
On peut considérer que dans l’histoire du CIA (Centre
International d’Astrologie), fondé en 1946, cette période favorisa une sorte
d’OPA d’André Barbault (né en 1921) sur les sources vives de cette association.
Du fait d’un rapprochement avec les Editions du Seuil, autour de F. R. Bastide,
parut alors la collection Zodiaque dont les collaborateurs, sous la houlette de
Barbault, vice-président, étaient largement recrutés au sein du CIA.
Par ailleurs, A. Barbault en se rapprochant
d’Alexandre Volguine (1904 - 1976), responsable des Cahiers
Astrologiques, qui deviendraient ainsi l’organe du CIA, fut ainsi en mesure,
par cet autre moyen, de contrôler les membres du CIA, constituant ainsi un Etat
dans l’Etat, sans pour autant aboutir à la rupture.
La période
1971 - 1976
Période où certains se détachèrent du CIA (Centre
International d’Astrologie) pour créer ou développer leur propre structure, ce
fut le cas du CEFA (Centre d’Etude et de Formation en Astrologie), du GERAS
(Groupe européen de recherche en astrologie scientifique), du MAU (Mouvement
astrologique Unifié), mais aussi de la revue L’astrologue.
Ces différente entités nées dans la mouvance
du CIA tendirent à s’autonomiser et à non seulement ne plus dépendre du CIA mais
à se mettre en compétition avec lui ou entre elles.
C’est vrai pour André Barbault qui en 1968
avait lancé une revue qui avait vocation à être l’organe du CIA et qui, du fait
de conflits avec le CIA, considéra la dite revue comme n’ayant plus de compte à
lui rendre. A la place, le CIA fonda la revue Trigone, dirigée par
Jacques Berthon (né en 1926), jusqu’à son départ à la fin de 1973 et auquel nous
succédâmes, début 1974.
C’est vrai pour Jean-Pierre Nicola (né en
1929), qui fit du CEFA, initialement l’école collégiale d’astrologie du CIA une
entité tout à fait distincte et qui prendrait par la suite le nom de COMAC, qui
se référe explicitement à l’astrologie conditionaliste.3 Quant à J. Berthon, ancien
professeur du CEFA, il fondera sa propre structure d’enseignement, l’ESAP (Ecole
Supérieure d’Astrologie de Paris).
C’est vrai pour Patrice Louaisel (né en 1949),
qui fit du GERAS, initialement le groupe de recherche - le laboratoire - du CIA,
une association Loi 1901 bien distincte, publiant la revue Astrolabe (jeu
de mots sur Laboratoire astrologique et sur l’instrument d’observation) , qui se
changera en 1982 en Astralis.
C’est vrai pour Jacques Halbronn (né en 1947),
vice-président du CIA, qui fonda en 1975 une association, le Mouvement
astrologique universitaire, s’appuyant sur une partie des membres du CIA. Le MAU
comporta très tôt sa propre école d’astrologie, la Faculté Libre d’Astrologie de
Paris (FLAP). Mais la séparation MAU - CIA s’explique par certaines manoeuvres
qui aboutirent à ce que J. Halbronn fut délogé de son poste de
vice-président.
On pourrait parler à propos des uns et des
autres d’une forme de trahison envers une structure qui les avait “nourris” et
portés, le CIA, lequel se crut obligé de changer de nom et devint, après
quelques péripéties, la SFA (Société Française d’astrologie).
La période
1985-89
Passons à la conjonction axiale suivante qui
correspondit sur le plan politique au démembrement non seulement du bloc
communiste mais aussi du bloc soviétique. La structure qui à l’époque fut
l’objet de perturbations internes, était le GERASH, contrôlé par Maurice Charvet
(né en 1947). Comme le CIA, à une certaine époque, cette association avait su
attirer des compétences, se constituant ainsi un réseau de responsables locaux.
Il semble que P. Louaisel, le fondateur du GERASH ait fait sécession au profit
de la FEA (Fédération des Enseignants en Astrologie), qui regroupait nombre des
dits responsables, comme Denise Daprey, la présidente (née en 1925) ou Alain de
Chivré (né en 1946) eux-mêmes ayant contribué à la tenue de congrès du MAU.
Mais ce n’était pas fini : Jacques Halbronn,
par ailleurs responsable du MAU, mais proche de Charvet qui l’avait pressenti
pour la vice-présidence du GERASH, du fait des conflits internes au sein du
GERASH allait se retrouver à sa tête, ce qui conduira assez vite à des
manoeuvres d’auto-dissolution du GERASH. Dans la foulée, M. Charvet créera une
nouvelle association, le CEDRA (centre d’étude, de documentation et de recherche
en astrologie) au profit de laquelle se prononça l’assemblée générale
extraordinaire du GERASH réunie à Lyon, en ce qui concerne ses biens matériels,
sans qu’il y ait continuité juridique entre les deux associations. La
transmission des dits biens fut, par ailleurs, des plus laborieuses.
Il conviendrait de replacer dans ce contexte,
la création de la Fédération Française d’Astrologie (FFA) en 1984 qui, présidée
par Danièle Rousseau (née en 1944) se disloqua assez vite, lors de la
conjonction axiale.
Là encore, on peut évidemment parler de
trahisons entre personnes supposées liées entre elles et des clivages datant de
cette époque ou de l’époque antérieurement décrite pèsent sur la vie
astrologique actuelle.
On notera qu’à partir des années Quatre Vingt,
il n’y a plus d’apport d’une certaine jeunesse comme dans les deux phases
précédentes. Les quadragénaires (nés dans les années Quarante) verrouillent le
pouvoir et découragent les nouvelles vocations. Une seule exception notable,
mais qui ne concerne qu’Internet, est le cas de Pätrice Guinard, né en 1957 mais
qui ne parvint à lancer sa structure, le CURA (Centre Universitaire de Recherche
en Astrologie, 1999) qu’à quarante ans passés, soit prenant son envol à un âge
sensiblement plus tardif qu’un André Barbault, un Patrice Louaisel ou un Jacques
Halbronn.
La période
2001 - 2003 et plus
La période actuelle est symbolisée au niveau politique
par les tiraillements au sein du camp occidental et notamment entre France et
Etats Unis. Les Américains se sentent trahis, puisqu’ils n’ont pas été suivis
par Jacques Chirac.
En ce qui concerne, plus modestement, la vie
astrologique, on signalera la création en 2001 de la FAES (Fédération des
Astrologues de l’Europe du Sud), ce qui est une façon de s’opposer aux
astrologues de l’Europe du Nord, jugés par trop dominateurs et condescendants
par rapport aux astrologues méditerranéens. La FAES fut constituée en Grèce avec
des représentants italiens, français et espagnols. Mais quinze ans plus tôt, un
même processus avait été lancé par Jacques Halbronn, la FIMA (Fédération
Internationale Méditerranéenne d’Astrologie).
Mais la FAES qui au congrès de Montpellier
(juin 2002) avait su rassembler nombre d’associations françaises fort
différentes allait assez vite connaître des troubles internes, notamment avec le
retrait du CEDRA de Maurice Charvet lequel représentait, avec Y. Lenoble, la
France au sein de la FAES d’origine. Nous avons pour notre part représenté à
Andorre, en 2001, la FDAF (Fédération des Astrologues de France) d’Alain de
Chivré, lors d’un colloque rassemblant des responsables français et espagnols de
la FAES mais par la suite, nous avons pris nos distances avec A. de Chivré. Or,
le CEDRA est parti officiellement en raison des positions doctrinales de la
FDAF, jugées inacceptables, notamment en matière prévisionnelle. Le “couple”
Lenoble-Charvet ne fonctionne plus comme avant. Il semble aussi que, par la
suite, de graves dissensions se soient manifesté entre membres catalans
(Barcelone) de la FAES, comme Ernesto Cordero (né en 1940) et Jaume Martin,
responsable de la revue Mercurio - 3.
En outre, le Salon annuel de l’Astrologue de
F. Santoni (Auréas), proche de Lenoble et de Charvet, semblerait également faire
l’objet de forces centrifuges au niveau de ses exposants. Il est évidemment trop
tôt pour faire le bilan de cette nouvelle phase de conjonction axiale qui va
susciter des changements dans le paysage astrologique, lequel désormais implique
des enjeux au niveau d’Internet. Emblématique du climat conjonctionnel actuel,
l’arrêt, inattendu, en 2003, de la parution de la revue L’Astrologue,
fondée en 1968 par A. Barbault, dans le cadre des Editions Traditonnelles (ex
Ed. Villain et Belhomme, ex Ed. Chacornac).
A contrario, en dehors de ces phases,
on assistait à des périodes favorisant l’émergence de nouvelles structures qui
ne correspondaient pas à des sécessions mais bien plutôt au dépassement de
certains clivages, c’est le phénomène de la quadrature axiale Mais de telles
structures sont fragiles et tôt ou tard, en phase conjonctionnelle, elles
risquent fort d’être victimes de leurs contradictions internes.
Le milieu astrologique n’échappe pas aux
secousses qui parcourent le monde et ce qui se passe à une certaine échelle peut
se retrouver à une autre, ce qui est à la base d’une bonne méthodologie des
études des rapports entre hommes et astres.
Jacques
Halbronn
Paris, le 28 avril 2003
Paris, le 28 avril 2003
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